Havas Media se penche sur les déconnectés

Par Maxime le 27 septembre 2012 à 13h54


J’ai eu l’occasion, l’autre jour, d’être invité à un petit déjeuner-débat autour de cette étude (voir plus bas) publiée par Havas Media, sur Les Déconnectés. C’est Dominique Delport, PDG de Havas Media France, qui encadrait tout ça, dans la bonne humeur. Nous étions avec quelques autres blogueurs et acteurs de la vie numérique, dont j’ai oublié les noms pour la plupart, désolé. BREF. Pour faire simple, l’étude se penche sur 4 profils identifiés, Les Minitélistes, Les Exclus, Les Flippés, Les Déconnectés 2.0. De deux choses l’une, soit le sujet vous interesse, et je vous invite à lire l’étude ci-dessous, soit vous pouvez passer à autre chose.

Voilà.
Bon, je passe sur la forme, j’ai du mal avec les slideshows, du mal avec les photos moches intégrées aux slideshows, du mal avec les graphiques mal légendés dans les slideshows. Moi j’aime bien lire des études, avec des mots.
Sur le fond, maintenant. J’ai eu l’occasion de le dire l’autre matin, j’ai un peu de mal. Sur deux aspects opposés.
Je ne peux pas m’empêcher d’extraire de tout ça que les déconnectés seraient des victimes, ou même d’imaginer sérieusement que « ne pas avoir accès à Internet » serait un manque. Considérer qu’internet a quelque chose de vital ? Non, surtout pas.
Je n’ai évidement pas étudié le sujet dans les détails, mais voilà comment je comprends et appréhende le phénomène.
Aujourd’hui la plupart des internautes, donc des connectés (ou privilégiés), ne sont pas particulièrement -enrichis- grâce à Internet.
Comme pour tous les outils et supports, c’est le contenu qui prime avant tout. Regardez l’usage d’Internet des jeunes (et pas que) aujourd’hui, ça ne représente en rien une progression ou une amélioration de leur niveau de vie, de leur culture, de leur ouverture d’esprit.
C’est identique pour la télévision, pour la presse, pour ce que vous voulez. Avoir une télévision n’est rien. Passer ses journées devant « Les anges de la téléréalité » n’a rien à voir avec « passer ses journées devant une chaine d’info » ou « passer ses journées devant une chaine de voyages », voir « passer ses journées devant du porno ».
Si on cherche à qualifier les usages des individus, j’insiste, ça doit se faire sur le contenu, et pas sur les outils.
Aujourd’hui, pour un jeune, pour un paysan, pour un pauvre, ne pas avoir accès à Internet, n’est pas forcément synonyme de « être à la ramasse ».
L’individu se construit sur ses choix éditoriaux et intellectuels. Ne pas avoir accès à un outil ne l’empêche en rien de compenser par un autre outil (le livre, la télévision, la presse, les voyages, etc.)
A l’inverse, le cas des hyper-connectés est évoqué. Et là aussi certains y voient un problème.
Il y’a quelques jours, j’ai rencontré une jeune femme qui a tenté de me démontrer par A+B, qu’en passant mes journées à faire du Twitter, et en racontant mon quotidien sur les réseaux sociaux, je gâchais des bouts de ma vie,  pire, que je manquais de respect pour mon entourage.
L’utilisation d’un outil par excès est, souvent, considéré comme un problème. Et bien non, là non plus je ne suis pas d’accord. Ca n’est pas le temps passé sur un outil qui compte, mais le contenu que l’on en tire ou que l’on génère.
En passant mes journées sur Twitter, je fabrique une image, je génère du contenu, j’en agrège, je créé quelque chose. Ca me prend 10 heures par jours ? Ok ? Et alors ? Pourquoi préjuger de ces choses là, pourquoi ne pas considérer que la sur-utilisation d’un outil ou d’un media poserait problème ?
Je vais vous donner un exemple plus précis, avec un des Slide du document, qui me rend dingue :


Je vais être clair avec vous, pour moi ce type de raccourci est une vraie connerie, dégoulinante de snobisme et de bêtise.
Qu’est ce qui est considéré là dessus ? Qu’un enfant qui regarde peu la télé, moins de 60 minutes par jour, dessine mieux qu’un enfant qui regarde la TV plus de 3 heures par jour.
ET ALORS BORDEL ? CA PROUVE QUOI BORDEL DE CUL ?
En quoi « savoir bien dessiner » est un critère de bon développement ? Qui est le connard qui a décidé qu’un enfant qui ne sait pas dessiner est mieux développé qu’un autre ?
Je vous propose de faire le même test avec des enfants qui font 3h de Sport au lieu de 3h de TV. Ou mieux encore, des enfants qui lisent des livres, sans images, pendant 3h par jour, au lieu de regarder la TV. Eux aussi dessinent moins bien que les autres, ok, et alors ? Ils sont moins bien développés que les nains qui n’ont que ça à foutre ? Et ne parlons pas de ceux qui font de la musique.
Bref, c’est absolument idiot. Et ça m’agace.
Une fois encore LES OUTILS, que ce soit Internet, le dessin, la télévision, le sport, ON S’EN BRANLE. Ce qui compte c’est le contenu.
Un enfant qui est épanoui en regardant la télévision, qui sera curieux de ce qui se passe dans le monde, via sa télécommande, sera peut être moins con est moins névrosé qu’un gamin frustré à qui on interdit tout loisir médiatique, et qui n’a droit qu’à une boite de fusains pour occuper ses après midi.
Tout ça pour dire quoi ? Que sur-connecté ou déconnecté, à mon sens, on s’en fout comme de l’an 40, ce qui compte c’est la matière que l’on manipule et qu’on ingère, et pas le chemin qu’on prend pour y accéder.